La plante du mois : Opuntia ficus-indica Le figuier de Barbarie

La plante du mois : Opuntia ficus-indica

The 21 September 2017

Il fait chaud, très chaud, le ciel déverse peu d’eau sur les sols. Mais dès qu’elle arrive, il faut la saisir. Les précipitations sont inférieures à 500 mm/an. Nous changeons de climat. Nous voici dans un climat semi-aride (ou semi-désertique) sur le continent américain. Direction le Mexique, le pays originaire du Figuier de Barbarie (Opuntia ficus-indica).


Ses caractéristiques

Ce dernier est complètement vert de la tête jusqu’aux racines. Si on regarde de plus près, il n’a plus aucune feuille. Il est charnu, gorgé d’eau et piquant… totalement adapté aux milieux secs. Pour y évoluer, il a limité l’évapotranspiration (la transpiration des végétaux). Ses feuilles se sont réduites jusqu’à devenir un organe brun, sec, très fin : les fameuses épines. Mais comment fait-il la photosynthèse, source d’énergie des végétaux ? Laissons place aux « raquettes ». Celles-ci sont, en fait, des tiges qui se sont transformées pour effectuer la photosynthèse que l’on nomme « phyllodes ».


Et l’eau dans cette histoire ?

Par exemple, on peut prendre comme image un dromadaire qui fait ses réserves d’eau pour pouvoir survivre durant les périodes difficiles. Opuntia fait de même, mais il fait son stock dans des tissus ‘’spongieux’’ constituant les raquettes. Son système racinaire se trouve en superficie du sol (à 20-30cm), mais peut couvrir une grande surface. Les pluies dans les zones semi-désertiques ne sont pas forcément intenses, la moindre goutte qui tombe au sol doit donc être captée. A la rosée du matin, l’humidité va s’agglomérer autour des épines, et avec la condensation, l’eau va tomber au pied de la plante. Les épines et les glochides ont une utilité de défense contre les herbivores et les humains ! La cuticule des phyllodes, qui peut correspondre à notre épiderme, est très épaisse, limitant l’évapotranspiration.


L’adaptation lors de l’été méditerranéen

Ayant évolué dans un milieu beaucoup plus sec, l’été méditerranéen ne pose pas de problème à l’Opuntia. D’ailleurs, durant cette saison, on peut voir les fruits se former, gonfler et mûrir, devenant rouge-violacé. Les raquettes s’atrophient. L’eau de réserve dans les raquettes se retrouve dans les fruits prêts à éclater. Quel régal pour les animaux (oiseaux, rongeurs, sangliers…) qui cherchent à s’hydrater durant l’été. Mais la plante ne le fait pas par hasard, elle assure ainsi la survie et la dissémination de son espèce. Lorsque l’on voit plusieurs pieds d’opuntia, c’est souvent le même individu génétique. Si une raquette tombe à terre, elle prend très facilement racine au niveau de l’aréole. Au printemps, on peut observer ses jeunes pousses tendres (qui nourriraient en partie les tortues d’Hermann). Plus tard, elles formeront les raquettes. Son adaptation à la sécheresse, sa capacité à se disséminer très facilement et sa croissance rapide font de l’Opuntia, une plante qui a tendance à piquer la place des autres… Opuntia ficus-indica est tellement présent dans les paysages de la côte, qu’on pourrait le croire natif.


La répartition géographique de l’Opuntia

Ainsi, c’est pour ces raisons que l’on le retrouve dans différentes régions du globe, en Afrique du Nord et du Sud, en Australie, Nouvelle-Guinée et aux Îles Canaries. Sur cet archipel, il a longtemps été cultivé pour produire la fameuse cochenille (Dactylopius coccus) qui donne la teinture carmin, d’où le nom de Carmin de la cochenille. Cette cochenille (insecte piqueur-suceur, se nourrissant de la sève du végétal) vient aussi du continent américain. C’est en écrasant ces insectes secs que l’on obtient la teinture. Opuntia fait partie de la famille Cactaceae, qui est principalement répandue en Amérique et Afrique. Cette famille aurait vu le jour sur la Terre il y a environ 20 millions d’années, ce qui est assez récent pour l’histoire des plantes. Le genre dénombre environ 250 espèces différentes.

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Opuntia ficus-indica


Comment peut être utilisé l’Opuntia

Biensûr, le Nopal (autre nom du Figuier de Barbarie) a d’autres utilités. Ayant des vertus hypoglycémiantes, lipophiles et antioxydantes, il est utilisé en cas de diabète et d’obésité en réduisant le taux de glucose sanguin. Sa consommation (en poudre ou raquettes) permettrait aussi de réduire les troubles et douleurs gastro-intestinales et prévenir les ulcères gastriques. Les Mexicains mangent le Nopalitos, une salade de raquettes dont le goût rappelle celui du haricot vert et de l’asperge. En externe, une application topique accélère la cicatrisation des blessures cutanées. Les Figues de Barbarie sont riches en vitamines C (tout comme les jeunes cladodes), la plante contient également des minéraux (cuivre, magnésium, calcium et fer), des acides aminés et des vitamines. Une étude a montré que les tissus du végétal Opuntia ficus-indica, pouvait tolérer une température de 70°C, ce qui est un record.

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