En ce moment au Jardin : janvier 2017

En ce moment au Jardin : janvier 2017

The 5 January 2017

Brrr… Ce matin, au lever du jour, l’air pique les narines. Le petit vent du nord-est a empêché la formation de la gelée blanche, mais en marchant sur de la terre fraîchement retournée, on sent une petite croûte gelée. Il a dû faire 1 ou 2 degrés sous zéro…


Floraisons hivernales

Aeonium-arboreum-domaine-du-rayol

Aeonium Arboreum

Nous sommes dans les jours les plus froids de l’année, les oiseaux volettent mais n’osent pas encore chanter, et les bourdons butineurs sont restés tapis dans leurs abris. Il est question d’une grande vague de froid venue du pôle Nord par la mer Baltique. Au Domaine du Rayol, nous resterons protégés par les Maures et la douceur de la mer Méditerranée.
Le jardin est en floraison hivernale. Allons déambuler et commençons par le paysage des Canaries où les Aeonium arboreum débutent la croissance de leur hampe florale jaune.  En traversant le paysage de Californie, les Tagetes lemmonii forment des taches jaunes.
Et nous arrivons vite dans le paysage d’Australie. Environ une dizaine d’espèces de mimosas sont en fleur avec leurs pompons jaunes. La température trop fraîche nous empêche de ressentir leur parfum. Plusieurs Grevillea sont en fleur, tous les Correa sont fleuris dont les ‘’Dusky bells’’ aux belles clochettes roses, et la belle liane Hardenbergia illumine le bord de la pergola d’une cascade mauve. Les plus attentifs chercheront la touffe de Templetonia retusa, une petite Fabaceae à la floraison rouge pétard, elle est appelée « langue prétentieuse » par nos amis Australiens !
Un rouge-gorge toujours curieux nous accompagne. Dans le paysage d’Afrique du Sud, nous en voyons de toutes les couleurs ! Les jaunes sont représentés par les touffes d’Euryops, magnifiques, solaires, mais aussi par les Crotalarias, ces genêts sud-africains, et quelques Oxalis. Nous avons du bleu-violet avec la nappe des Felicia, le début de floraison des Dimorphoteca, et les Polygala myrtifolia. Le rouge et rose sont les couleurs les plus présentes : les imposants massifs d’Aloe arborescens, les touffes plus discrètes d’Aloe ciliaris, et l’Anisodontea, la mauve sud-africaine. Dans les mêmes tons, plusieurs Protea sont en fleur, ainsi qu’un gros Leucadendron discolor aux pétales… bicolores ! Sous la Pergola, les Coleonema pulchellum, les buissons confettis, ont débuté leur éparpillement. Les buissons d’Halleria lucida sont, eux aussi, en fleur. Et les bignones du Cap, les Tecoma capensis, continuent de nous enchanter. Et attention, comme un avant-goût de l’explosion florale à venir, quelques bouquets floraux de l’Erythrina lysistemon nous gratifient de leurs éclairs orange.

Ailleurs dans le jardin, nous allons retrouver des touches de couleur violet. Sur les murs de la ferme, le Bougainvillea spectabilis, exposé plein sud, continue de fleurir. Dans le paysage de Nouvelle-Zélande, le massif d’Hebe est magnifique, le long des cheminements sont dispersés des iris d’Alger Iris unguicularis ; et les grandes pervenches Vinca major couvrent les sous-bois vers le paysage du Chili.

Déjà, le soleil nous réchauffe : toute la vie du jardin se réveille, des bourdons, des abeilles et autres hyménoptères s’affairent à butiner, notre nez recommence à capter des fragrances d’eucalyptus (lui aussi en fleur) et de mimosa, et les oiseaux se réveillent.

Un jardin naturel, “Zéro phyto”

Depuis 28 ans que ce jardin existe, suivant l’inspiration de Gilles Clément, les jardiniers n’utilisent pas de pesticides, et cela se voit, cela s’entend, cela se sent. Ce jardin est toujours expérimental, radical dans son choix de préférer les

méthodes naturelles, d’accompagner la nature notamment lors de l’apparition de nouveaux insectes exotiques un peu trop « gourmands ». Souvent, nous utilisons la diversité spécifique pour trouver une solution. Par exemple, nous cultivons 24 espèces de palmiers, ce qui nous a permis de repérer les palmiers résistants ou tolérants aux nouveaux insectes palmivores.
Cette technique « zéro phyto’ » est appliquée de plus en plus dans les espaces verts et par les services techniques municipaux. Une grande ville comme Lyon n’utilise plus de pesticides depuis 8 ans ! C’est ce que vient d’officialiser la nouvelle loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte. A partir du 1er janvier 2017, interdiction d’utilisation des produits phytosanitaires par l’Etat, les collectivités locales et les établissements publics. Ceci concerne les espaces verts, les forêts, les promenades ouvertes au public, les voiries, etc. Certes, il y a des exceptions, dans les cimetières, pour raison de sécurité. Oui, une autre façon de jardiner est possible…

Les jardiniers du Domaine du Rayol