Une semaine d’immersion chez Gilles Clément

Une semaine d’immersion chez Gilles Clément

Le 26 novembre 2024

Il y a un an…
Du 16 au 20 octobre 2023

À l’invitation de Gilles Clément, une partie de l’équipe du Domaine du Rayol est partie en immersion durant une semaine chez lui, au cœur de la Creuse.

Nous avons le plaisir de partager avec vous, chers lecteurs, ce souvenir précieux de la collaboration entre le concepteur du Jardin des Méditerranées et ceux qui veillent sur ce lieu.

 

La Vallée

Le nom donné à la résidence de Gilles Clément fait référence à la Vallée des Peintres, située dans la Creuse. Ce terrain, au fond d’une vallée, est traversé par un petit ruisseau et entouré de forêts. La maison, véritable incarnation du charme d’un ‘cottage’ à la française, symbolise cet écrin naturel. C’est en 1977 que Gilles Clément choisit de s’établir à Crozant, dans cette vallée, à laquelle il consacrera un ouvrage en 1991, intitulé La Vallée. Son jardin devient alors un véritable laboratoire d’observations et d’expérimentations, où il accueille régulièrement ses proches, étudiants et chercheurs.

À la rencontre de Gilles Clément

Né en 1943 à Argenton-sur-Creuse, Gilles Clément a grandi à proximité de cette Vallée, sa maison familiale n’étant qu’à quelques kilomètres de là.

C’est dans l’ingénierie horticole qu’il trouve d’abord sa voie, avant de se tourner vers le paysagisme dans les années 1960. Parallèlement à son activité de paysagiste, il enseigne à l’École nationale supérieure du paysage de Versailles. Lorsqu’il ne transmet pas ses connaissances sur les estrades de l’École, il parcourt le monde, particulièrement l’hémisphère austral, où il se passionne pour la flore des régions au climat méditerranéen.

En 1988, il est sollicité pour envisager un jardin sur un terrain en bord de mer que le Conservatoire du littoral projette d’acquérir… Ce terrain n’est autre que le Domaine du Rayol ! C’est à cette époque qu’il met en œuvre ses concepts novateurs en paysagisme, qui feront sa renommée internationale : le jardin en mouvement, le jardin planétaire et le tiers paysage.

Aujourd’hui, Gilles Clément entretient un lien privilégié et continu avec le Domaine du Rayol et les personnes qui en assurent sa gestion. Régulièrement, il invite plusieurs membres de l’équipe, afin de tisser des liens et partager des moments conviviaux et enrichissants.

L’équipe

Neuf membres de l’équipe du Domaine du Rayol ont ainsi entrepris à l’automne 2023 un voyage jusque dans la Creuse pour retrouver Gilles Clément au cœur de sa Vallée, durant cinq jours. L’occasion pour eux de partager des moments d’échange et de réflexion sur la nature et le jardinage, tout en s’immergeant dans l’univers fascinant de Gilles Clément.

L’équipe : Tao (responsable des jardins), Jérémy (responsable scientifique, botaniste), Diane, Karine, Hugo, Gabriel et Basile (jardiniers), Anaïs (pépiniériste) et Adèle (assistante communication).

Des temps d’échanges

Les échanges avec Gilles Clément commencent donc le deuxième jour, après la journée du lundi passée dans les transports. Il nous invite à explorer son jardin, une proposition que nous accueillons avec impatience. Les températures douces de l’automne nous accompagnent, malgré le ciel gris de la Creuse.

La visite débute depuis sa maison principale, où il commence par nous parler de l’historique de la bâtisse puis du jardin. Récits, événements marquants ayant influencé certains choix, visiteurs insolites… Chaque mot prononcé est une source inépuisable d’anecdotes captivantes.

Plan du jardin de Gilles Clément par Hugo Lardeux, jardinier au Domaine du Rayol (maison principale au centre gauche, potager entouré d’une haie au centre droit, forêts à droite et à gauche, rivière en contre-bas).

 

Gilles Clément évoque également ses expérimentations dans le jardin, comme cette fois où il a gratté la terre d’une “petite” zone en pente de son jardin pour découvrir ce qu’elle dissimulait (rochers et mousses en ont émergé).

Gilles est un conteur, et nous sommes ses auditeurs.

Après avoir traversé un petit bosquet, nous le suivons dans une prairie, où nous nous arrêtons pour une pause gourmande sous un pommier. Là, il s’interroge sur une plante, ne connaissant pas précisément son nom (elle sera étudiée plus tard par le botaniste du Domaine du Rayol, Jérémy Tritz).

Nous poursuivons l’exploration du jardin en descendant vers une clairière qui surplombe la rivière la Creuse, où d’autres histoires et récits nous sont partagés. La visite se conclut par un retour à travers les bois, jusqu’à la maison.

Un laboratoire d’expérimentation

Le troisième jour s’éveille sous une légère pluie qui enveloppe la Vallée. Rien n’arrête l’équipe, qui s’apprête à mettre les mains dans la terre. Après la visite, place au travail !

Enfin, ‘travail’… Il s’agit d’aider à désherber, arracher, tailler des branches ou encore creuser des trous ! Chacun participe avec enthousiasme, l’occasion idéale pour découvrir de vieux outils perdus sous les buissons ou des objets non identifiés enfouis dans la terre depuis plusieurs décennies.

Jérémy Tritz, botaniste, part récolter des spécimens pour étudier certaines plantes présentes dans le jardin de Gilles Clément. C’est l’opportunité d’identifier des espèces, comme le Silene latifolia sur cette planche, qui rejoindra les collections d’herbiers du Domaine.

 

 

 

 

 

Le quatrième jour les jardiniers continuent leurs travaux : une tranchée a été creusée pour éviter la propagation des bambous dans le fond du jardin. Pour d’autres c’est un projet “bricolage” plutôt que jardinage : création d’un abri pour des bûches et éventuellement un véhicule, avec les bambous du jardin.

                 

Et si les êtres humains s’occupent du jardin pendant la journée, la nuit, de petites créatures reprennent possession des lieux. C’est le cas des salamandres tachetées, qui se comptent par dizaines le dernier soir… Un beau cadeau de départ !

La journée s’achève autour d’un feu de cheminée crépitant, pendant que Gilles Clément partage ses souvenirs de voyage. Des questions fusent, des débats s’engagent, et parfois des réponses sont données, sur un ton presque de confidence…

À l’image de ces cinq jours, cette soirée auprès du feu reflète la douceur de l’instant suspendu, où chaque geste et chaque mot se mêlent à la nature environnante. Comme une lueur vacillante dans l’obscurité, elle illumine nos esprits de partage et d’émerveillement, une parenthèse où le temps semble se fondre avec les souvenirs, créant un lien intime et chaleureux entre la terre, les hommes et les plantes.

A. TORNARE,
Assistante communication