Résidence d’artiste : Sixtine Dubly

Résidence d’artiste : Sixtine Dubly

Le 23 mai 2023

Résidence d’artiste au Jardin des Méditerranées : Sixtine Dubly
Sur une invitation de l’Association du Domaine du Rayol
Du 23 avril au 1er mai 2023

En avril 2023, le Domaine du Rayol, Le Jardin des Méditerranées, accueillait une artiste en résidence dont le projet est intimement lié aux savoir-faire jardiniers et botaniques, et à l’expertise d’une équipe dédiée au patrimoine végétal méditerranéen exceptionnel du Domaine du Rayol réparti sur 20 hectares, et propriété du Conservatoire du Littoral.

Sixtine Dubly © Domaine du Rayol, AT« Les jardiniers ont cette faculté de disparaître dans le végétal. Cette fusion des corps, imaginée, m’a toujours fascinée. J’ai supposé qu’ils avaient développé des facultés, un langage, à partir du lien qui est le leur, notamment par le biais des gestes et des outils. Leur vocabulaire emprunte à la médecine, à la mort, à la vie, à l’humour. J’ai travaillé pendant ma résidence sur le champ lexical du contact, de la relation, de l’attachement et sur son ambiguïté, qui est le propre de toute relation entre vivants. Je les ai observés, j’ai comme eux, touché, griffé, pincé. Nous avons échangé autour du transplantoir, du râteau et de leur interprétation quotidienne des paysages de Gilles Clément. »

Alors que son concepteur, le jardinier-paysagiste Gilles Clément, a conçu le Domaine du Rayol, Le Jardin des Méditerranées, comme un lieu d’émotions et d’expérimentations continues, Sixtine Dubly est partie du postulat que ce jardin était aussi un avant-poste amical de la plante et de l’humain. Elle s’est inspirée de la définition de l’amitié de Gilles Deleuze* qui évoque la perception et le charme.

« L’amitié est une affaire de perception, ce n’est pas à partir d’idées communes, mais d’un pré langage commun. Il y a là un grand mystère (…), une perception du charme. Le charme c’est un geste, une pensée avant qu’elle soit signifiante, une pudeur, ce sont des sources de charme qui vont jusqu’aux racines vitales. C’est comme ça qu’on devient l’ami de quelqu’un. »

 

Nouvelle Zélande © Domaine du Rayol, AT (4)

Pour déceler, sentir et raconter ce qui s’échange et se lie, sans être tout à fait dit, entre les plantes et les jardiniers, l’artiste s’est enjardinée dans ce sillage végétal. Elle a conçu sa résidence autour du champ lexical du jardinier et pris pour point d’appui les outils et les gestes. Elle place le jardinier et son expertise au centre de sa résidence d’écriture. Cette volatilité de l’amitié, qui nous échappe, et ouvre à une nouvelle vision de la Flore, est aussi le propos d’un travail céramique que l’artiste mène en parallèle.

*L’abécédaire de Gilles Deleuze, entretiens avec Claire Parnet, réalisateurs Pierre-André Boutang, Michel Pamart, 1988-1989.


© Sixtine Dubly Sixtine Dubly

Née en 1975 à Boulogne-sur-Mer (62), vit et travaille à Paris.
Artiste, auteure, curatrice et journaliste, Sixtine Dubly travaille sur le lien Humain-Flore, aujourd’hui essentiellement cultivée, par le prisme des savoir-faire jardinier, horticole et agricole. Elle a notamment créé La Résidence Artistique Horticole (Seine-Saint-Denis, 2021, prix de la Fondation Carasso, 2021), faisant du champ un lieu de résidence et d’exposition. Elle est curatrice de Forêt d’amarantes pour l’exposition L’esprit commence et finit au bout des doigts de Laurent Le Bon (Palais de Tokyo, 2019) et d’Épiphyte, dialogue floral, (Artcurial Paris, 2018). Commissaire avec Claire Jacquet de Narcisse ou la floraison des mondes, FRAC Aquitaine MECA, Bordeaux, 2020, qui déconstruit la Fleur silencée et explore les possibilités d’être Fleur (Catalogue avec les contributions de Gilles Clément, StarHawk, Emanuele Coccia, Guillaume Logé… éd. Actes Sud). Elle a écrit La tentation des fleurs aux éditions Assouline, 2016, sur les renaissances horticoles et la Flore dans le travail des artistes. Elle est aussi journaliste et collabore depuis les années 2000 aux grands titres de la presse française sur les questions de création et d’écologie.

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