Résidence d’artiste : Lucien Ayer

Résidence d’artiste : Lucien Ayer

Le 24 septembre 2024

Résidence d’artiste au Jardin des Méditerranées : Lucien Ayer
En collaboration avec la DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’ENSP d’Arles
Du 22 juillet au 2 août 2024

Cet été 2024, en collaboration avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles PACA et l’École Nationale Supérieure de la Photographie, le Domaine du Rayol accueillait le photographe Lucien Ayer en résidence. Son immersion de deux semaines lui a permis de découvrir ce jardin d’évocation de paysages. Découvrez dans cette interview l’approche à la fois créative et pédagogique de Lucien Ayer.

Quel est votre parcours ?

« Fils d’agriculteurs, j’ai grandi dans une ferme isolée où le premier village se trouvait à 3 km. Dès tout petit, j’ai commencé à capturer la faune et la flore qui m’entouraient. Après le lycée, j’ai fait un Bachelor photo-vidéo dans une école d’art en Belgique, ce qui m’a ouvert sur les différents métiers artistiques et visuels. Je suis ensuite rentré à l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles où j’ai réalisé un Master entre équilibre technique et artistique. C’est là où j’ai trouvé ma spécialisation : la photographie des paysages. »

Sa démarche artistique

« Ma démarche consiste à délimiter un espace (“spatialiser”), puis traverser l’espace pour m’en imprégner, sans appareil photo, seulement avec mes ressentis. En parallèle je fais des recherches théoriques, historiques (photos, littérature, archives, rencontre avec les différents acteurs), afin de capter la globalité physique et intellectuelle du lieu. Je travaille habituellement avec un argentique, en focale fixe, donc c’est à l’appareil de se déplacer dans l’espace. Aussi, je le fixe à un trépied, ce qui crée plus de contrainte et de rigidité mais cela me permet de prendre le temps de construire la photo. »

Quel(s) lien(s) avez-vous tissé avec le Domaine du Rayol ?

« J’avais déjà entendu parler du Domaine du Rayol durant mes études, en étudiant les concepts de Gilles Clément. Puis c’est mon professeur Yannick Vernet à l’ENSP Arles qui m’a parlé de la résidence d’artistes “Rouvrir le Monde“* et a suggéré ce lieu.

Lorsque je suis arrivé ici, j’ai tout de suite remarqué l’aspect visuel du Jardin et le fait que les jardiniers “pensent l’espace”. Mon œil photographique s’est alors demandé “comment vais-je le représenter ?”. Le côté inhabituel de ce Jardin par l’aspect composé / décomposé, ainsi que le fait de travailler avec le vivant en mouvement, était un véritable challenge. Le Jardin est maîtrisé mais il n’en a pas l’air ! »

J’ai appliqué ma démarche de travail au Jardin, en commençant par des lectures, des discussions avec les jardiniers et déambulations sans appareil, afin de m’imprégner du terrain. Ensuite, je suis passé à la seconde étape de mon travail au Domaine… : la rencontre.

Partir à la rencontre

« L’un des aspects de mon travail est de partager ma passion. C’est pourquoi le second objectif de ma venue au Domaine du Rayol était de pouvoir discuter avec les visiteurs.

J’ai donc pris ma chambre argentique, ce gros appareil photo sur un trépied, afin de montrer aux adultes et enfants comment fonctionne ce type d’appareil. »

Les retours de la part des visiteurs sont très positifs. Certains viennent visiter régulièrement le Domaine du Rayol et apprécient cette approche différente au Jardin. D’autres sont passionnés de photographie et ont pu approfondir leurs connaissances grâce à la spécificité de la photographie des paysages.

Qu’est-ce que cette expérience vous a apporté ?

« Le fait de se trouver dans cette bulle qu’est le Domaine, et de pouvoir me consacrer entièrement à mon art, m’a permis de reprendre un vrai temps de création. Réfléchir à ce que je voulais faire transparaître ici mais aussi à me relancer dans d’autres projets qui me tiennent à cœur, comme la préservation des forêts des Ardennes. Une vraie liberté de mouvement et d’espace, en somme. »

C’est un lieu idéal pour laisser libre cours à sa passion… si on fait abstraction des moustiques !

« Je suis reconnaissant de cette opportunité qui s’est offerte à moi. Je tiens à remercier le Domaine du Rayol et ses équipes pour leur accueil et la facilité de contact, Madame la Directrice Sybille Bernard, Nolwenn Landry, Responsable Actions culturelles, Yannick Vernet de l’École Nationale Supérieure de la Photographie à Arles, le Ministère de la Culture et le dispositif Rouvrir le Monde. »

Propos recueillis par A.T.

* “Rouvrir le Monde” : Dispositif porté en 2024 par la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Provence-Alpes-Côte d’Azur sous forme de résidences d’artistes de création et de transmission favorisant les démarches artistiques et culturelles participatives menées par des artistes sur leur territoire.


Lucien Ayer

Né à Charleville-Mézières, il vit et travaille entre Paris et Arles.

Diplômé de Saint-Luc puis de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles, il arpente des territoires afin d’interroger par le médium photographique la manière d’habiter l’espace. Il met ainsi en perspective l’architecture vernaculaire et l’environnement dans lequel elle se déploie. Attaché à l’évolution des milieux dans lesquels il développe ses séries, il s’imprègne de ces derniers, qu’ils soient urbains ou ruraux, afin d’en saisir les enjeux.

Expositions :
2023 – En longeant l’orée, Espace Van Gogh, Arles
2022 – Hasards objectifs, École Nationale Supérieure de la photographie, Arles
2021 – Place commune, La ville Blanche, Marseille
2019 – Portraits des ans de la médiathèque, Médiathèque d’Arles
2018 – S.T. Jaune meets N.D. Rose, Musée Notre-Dame à la Rose, Lessines, Belgique
         – Musée de la Métallurgie de Bogny-sur-Meuse
2012 – Faune, Théâtre de Charleville-Mézières
2010 – Festival de l’image à Rouvroy-sur-Audry

Publications :
2022 – Arles dans le viseur, Louis Vuitton city guide
2019 – COD2 : Rencontrer Arles, Modernité des passions, Fanzine d’exposition

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