La plante du mois : Freesia Freesia

La plante du mois : Freesia

Le 10 mars 2017

En se promenant dans le jardin, nous sommes pris par un parfum capiteux, fruité et un peu poivré, voisin du jasmin en plus aromatique. C’est l’odeur du Freesia, en pleine fleur actuellement. C’est une plante bulbeuse originaire d’Afrique du Sud, qui s’est ressemée dans la majorité des paysages ouverts et secs : la parcelle des Canaries, la Californie, le Chili, l’Australie, l’Amérique aride, et l’Afrique du Sud.


Un genre composé de 14 espèces

Introduite depuis plus d’un siècle, nous sommes en présence d’un complexe d’espèces Freesia alba, Freesia leichtlinii et Freesia refracta. Le genre Freesia comprend 14 espèces, toutes originaires d’Afrique du Sud. Il appartient à la famille des Iridaceae qui comprend près de 2 030 espèces divisées en 65 genres. On y retrouve les crocus, les glaïeuls, les iris, les chasmanthes, les watsonias, etc. Cette famille est apparue voici environ 70 millions d’années. Si elle est bien présente sur tous les continents mais peu sous les tropiques, près de la moitié des individus se trouvent en Afrique du Sud (38 genres et 900 espèces).

Le Freesia est l’occasion de parler de l’extraordinaire diversité de cette région de l’Afrique du Sud, qui a une flore d’une diversité exceptionnelle de près de 8 000 espèces, dont 67 % ne se trouvent que là. C’est un héritage du Gondwana, ce grand continent qui s’est fragmenté progressivement et dont les morceaux, maintenant épars, s’appellent Amérique latine, Australie, Inde, Madagascar, Nouvelle-Zélande, Antarctique et Afrique.


La pollinisation du Freesia

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Freesia

Les Freesias sont pollinisés uniquement par des guêpes solitaires, attirées par son parfum. C’est le cas en Afrique du Sud, et lors de leur arrivée en Méditerranée voici un siècle, des espèces autochtones d’hyménoptères se sont adaptées à cette nouvelle fleur. La dispersion des graines se fait par le vent. Particulièrement bien adaptées à notre climat de bord de mer, elles ont colonisé toutes les surfaces possibles, pour peu qu’il n’y ait pas de tonte durant l’hiver.
En effet, les Freesias ont une végétation uniquement hivernale : sortie des feuilles à l’automne après les pluies d’octobre, floraison en mars, puis rapidement fructification, et enfin dessèchement de toute la plante au-dessus du sol dès le mois de mai. C’est une adaptation à la sécheresse estivale. La reprise de végétation automnale se fait à partir des bulbes ou par semis.


Le Freesia est-il invasif ?

Cette plante est rarement vue comme une invasive ou une envahissante. En effet, elle concurrence peu la flore indigène, elle entre juste en compétition avec une autre sud-africaine, l’Oxalis pes-caprae qui a un cycle végétatif très proche. Nous avons remarqué au Domaine du Rayol que les années aux hivers pluvieux favorisent l’oxalis, alors que les hivers secs – comme celui que nous vivons – favorise les Freesias.
Les Freesias sont considérés comme invasifs à certains endroits de la Corniche de Nice, précisément au Mont Boron, où ils concurrencent la nivéole de Nice, espèce protégée. Précisons que si la nivéole de Nice Leucojeum nicaeense est en danger, c’est plus par la raréfaction de son habitat – due à la construction immobilière – qu’à cause des plantes invasives…


Maintenant, à vous de poursuivre ce parfum en vous enrobant de cette délicieuse senteur. Vous emprunterez ainsi au Freesia son arme irrésistible d’attraction lui permettant d’assurer le succès de sa sexualité…

Les jardiniers du Domaine du Rayol