Le 26 septembre 2025
Habituellement, la plante du mois célèbre une plante remarquable. En cette basse saison des fleurs au Domaine du Rayol, laissons place ce mois-ci à un outil de référence qui permet de nommer les plantes correctement dans le monde entier : le Code international de nomenclature pour les algues, les champignons et les plantes. Une nouvelle édition de cet ouvrage majeur vient d’être publiée le 4 septembre 2025 par l’International Association for Plant Taxonomy (IAPT), avec le soutien de l’Université de Chicago Press pour l’édition imprimée.

Figure 1. Première de couverture du nouveau Code de nomenclature pour les algues, champignons et plantes dit « Code de Madrid ». Capture d’écran issue du site de l’Université de Chicago Press.
Les règles de nomenclature constituent un ensemble de principes, règles et recommandations permettant d’attribuer un nom à un organisme (Malécot, 2008). Abordé sous l’angle littéraire, cela reviendrait à considérer une sorte de grammaire destinée à attribuer un nom à un forme vivante. À l’image du code civil ou de celui du travail, les botanistes disposent également de leur propre code qui établit des règles afin de garantir une méthode uniforme et reproductible pour nommer les plantes. Un code similaire existe pour les animaux, dont la dernière édition date de 2000 (Ride et al.) et pour les plantes cultivées depuis 2004 (Brickell et al., 2004).
Depuis 1867, le Code international de nomenclature pour les plantes est révisé régulièrement (figure 2) avec quelques 20 versions en tout. Botanistes, algologues, bryologues et mycologues se réunissent alors pour proposer et délibérer ainsi des règles nouvelles dans le but d’adopter une nomenclature reflétant les avancées de la science des plantes.
Année | Titre | Avancée(s) majeure(s) |
1736 | Fundamenta Botanica | Premières propositions de règles de nomenclatures par Carl Von Linnée. |
1867 | Lois de De Candolle | Première codification formelle des règles de nomination : priorité du nom publié, unicité, stabilité, etc. |
1905 | Règle de Vienne | Règle de typification, évolution des terminologies pour les rangs. |
1956 | Code de Paris | Fixation stricte de la priorité des noms et clarification des types pour chaque espèce. |
2000 | Code de Saint-Louis | Développement des règles concernant les hybrides et clarification de la nomenclature des espèces fossiles. |
2012 | Code de Melbourne | Intégration des algues et des champignons au Code de nomenclature botanique. |
2018 | Code de Shenzhen (Chine) | Harmonisation des règles et mise à jour des pratiques. |
2025 | Code de Madrid (04/09/2025) | Rejet des noms péjoratifs, remplacement d’épithètes offensantes ex : caf. > afr.), précisions pour la nomenclature des fossiles. |
Figure 2. Chronologie des principaux codes de nomenclature botanique (cf. bibliographie) ; adaptée de Wikipedia, 2025.
Depuis le dernier congrès, l’une des applications les plus commentées concerne une espèce présente au Domaine du Rayol. En se dirigeant vers la Ferme, on rencontre deux arbres admirables qui surplombent la terrasse du Café des Jardiniers. Chaque printemps, leurs branches se parent d’un abondant feuillage accompagné de sublimes fleurs rouges. Ceux-ci sont de la même famille que celle des trèfles ou des haricots (les Fabacées ou Légumineuses). Ces spécimens remarquables appartiennent à l’espèce : Erythrina caffra (fig. 3).

Figure 3. Erythrina afra au Domaine du Rayol. © Jérémy Tritz, septembre 2025
Autrefois appelé Erythrina caffra, cette espèce doit désormais être nommée Erythrina afra. En latin, « caffra » vient d’un terme historique utilisé de manière péjorative pour désigner certains peuples africains. Ainsi, pour éviter toute connotation raciale ou offensante, le nouveau Code a adopté des formes neutres : afra, afrorum, afrum, accordées suivant le genre qui précède et qui signifient simplement “d’Afrique” en latin, sans connotation négative. Plusieurs centaines d’autres exemples sont concernés, à suivre.
À bon observateur !
Jérémy TRITZ
Botaniste du Domaine du Rayol