Le 25 juin 2025
Nom vernaculaire (en français) : L’arbre-litre
Nom scientifique : Lithraea caustica (Molina) Hook. & Arn., Bot. Misc. 3: 175. 1833.
Famille : Anacardiaceae R. Br., Narr. Exped. Zaire: 431. 1818.
Les réalités climatiques nous obligent à repenser nos jardins et nos espaces verts.
Face aux vagues de chaleur estivales et aux restrictions croissantes d’usage de l’eau, il devient nécessaire d’imaginer des aménagements capables de traverser l’été sans recourir à d’abondants arrosages artificiels. Ces nouvelles contraintes – très loin de freiner la créativité – ouvrent alors la voie à des jardins composés d’espèces strictement adaptées à ces conditions de sécheresse.
Évoquons ici une candidate originale dont l’appellation vernaculaire, pour une fois, reste de bon augure quant à sa résistance à la sécheresse : l’arbre-litre.
La flore méditerranéenne et ses zones périphériques plus arides, est une intarissable source de diversité dans le monde pour les jardins et les parcs urbains subissant des étés de plus en plus secs. Ce fut l’objet d’un article publié en 2024, à la suite de notre voyage en Californie, publié dans les Carnets botaniques de la Société botanique d’Occitanie ; avec entre autres quelques 252 espèces liées à des paysages inspirants. C’est vers cette direction que se dirige de plus en plus le Domaine du Rayol : faire face aux enjeux climatiques en cultivant des espèces adaptées pour demain. L’arbre-litre en est un excellent exemple. Cette espèce pousse uniquement dans des habitats secs au Chili : elle est donc endémique de cette région.
Giovanni Ignazio Molina (1740–1829) avait initialement rapproché cette espèce des lauriers (Laurus) en 1782, sans toutefois préciser la localité exacte (Molina, 1782). C’est finalement le célèbre botaniste britannique Joseph Dalton Hooker (1817–1911), ami de Charles Darwin, qui fixa son nom actuel en 1833 dans son « Botanical Miscellany » (Hooker, 1823), sous l’appellation de Lithraea caustica.
À la fois plante médicinale aux propriétés anti-inflammatoires (Muñoz, 2020), et bon bois de construction, Lithraea caustica porte bien son nom car sa sève est caustique et toute manipulation exige une certaine prudence (Grimshaw & Bayton, 2025).
Cette espèce est originaire d’une vaste zone allant de la région d’Atacama, au nord, jusqu’à celle de l’Araucanie au sud (Endemic plant of Chile). Elle pousse dans un habitat naturellement acide, où elle tolère les embruns salés. Appartenant à la flore méditerranéenne du Chili, l’arbre-litre vient enrichir la collection chilienne du Jardin et contribue ainsi à la richesse paysagère du Domaine du Rayol.
Installée en contre-bas de la lande à puya sublime dans le Jardin des Méditerranées, cette espèce quelque peu discrète, se distingue pourtant dans le paysage au bord au chemin menant à la Villa Rayolet (Figure 1).
Elle peut atteindre jusqu’à six mètres de haut dans la nature, sans s’imposer par de grandes envolées florales. Elle ne semble pas se préoccuper de la comparaison flatteuse que l’on pourrait établir avec ses flamboyantes voisines, les puyas (Un Puya chilien de Bolivie, 2022). Loin du faste de son entourage, elle demeure modeste, sans éclats ni exubérance. Ses feuilles marbrées et coriaces accompagnent des fruits originaux, tandis que ses petites fleurs n’apportent aucun agrément coloré au massif (Figure 2).
Venez découvrir et admirer cette espèce originale, encore peu connue dans les jardins, et actuellement en fleurs.
A bon aménageur !
Jérémy TRITZ
Botaniste du Domaine du Rayol