La plante du mois : Limodorum abortivum

La plante du mois : Limodorum abortivum

Le 18 mai 2018

En ce mois de mai au Domaine du Rayol, des orchidées sauvages fleurissent. Qui n’a jamais rencontré ces mystérieuses plantes lors d’une promenade en pleine nature ?

La famille du règne végétal qui aura le plus passionné l’Homme est bien celle les orchidées. Que ce soit la plus connue des orchidées, à l’utilité aromatique : la Vanille (Vanilla pompona). Ou des espèces tropicales pour orner nos intérieurs comme l’orchidée papillon (Phalaenopsis), ou encore pour donner un air exotique à notre jardin avec des espèces terrestres comme le Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus). Ce mois-ci, nous allons parler d’une orchidée un peu spéciale et assez répandue dans le sud-est de la France, la Limodore à feuilles avortées (Limodorum abortivum).

Une orchidée sans chlorophylle

Limodorum abortivum

Limodorum abortivum

Limodorum abortivum fait une hampe florale de 30 à 70 cm, robuste et sombre, dépourvue de feuilles, ce qui lui a donné son nom français « à feuilles avortées ». Elle va être mise en valeur d’avril à juillet grâce à d’élégantes fleurs aux couleurs violet/blanc. On la retrouve à des endroits mi-ombragés dans des clairières de bois. C’est une orchidée terrestre, c’est aussi une plante parasite. En effet, la Limodore à feuilles avortées ne contient pas de chlorophylle, cette substance qui donne la couleur verte au végétaux, et qui, grâce au soleil, permet de les faire vivre en se suffisant à eux-mêmes, en produisant leurs propres nutriments. Cette orchidée va donc puiser les éléments qu’il lui faut sur les racines des arbres à l’aide du rhizome qui y est fixé. Elle n’est pas pour autant dangereuse pour l’arbre, elle n’a aucun effet sur ce dernier. Au Jardin des Méditerranées, la Limodore est visible dans la parcelle des Canaries ainsi que derrière la Villa Rayollet. Elle est protégée dans certaines régions de France.


Un pollinisateur pour chaque espèce d’orchidée

Les orchidées ont coévolué avec la faune. Eh oui, la majorité des orchidées ont un lien très étroit avec le monde des insectes. Chaque orchidée a son propre pollinisateur, même si elle peut être visitée par d’autres insectes. Au cour de l’évolution, ces végétaux ont élaboré des « stratégies » afin d’attirer les pollinisateurs. Certaines de ces plantes ont des caractéristiques morphologiques d’un insecte, d’autres dégagent une odeur attirante comme une imitation de leurs phéromones. La forme, la couleur et même l’odeur sont faits pour attirer le pollinisateur ! Et la liste peut être longue : certains hyménoptères comme les abeilles, des mouches, et même des colibris participent à la pollinisation de différentes orchidées.

Par exemple, la Serapias lingua présente au Jardin a son pollinisateur spécifique : la Ceratina cucurbitina, un petit insecte hyménoptère. Cette sérapias reproduit les milieux étroits où elle a l’habitude de pondre, mais ce n’est pas tout ! L’orchidée va émettre une odeur imitant les phéromones féminines de cette espèce, et une partie de l’intérieur de la fleur va être une imitation de l’abdomen de la femelle ! Tout ça pour faciliter la pollinisation.

Serapias lingua


Les orchidées sauvages se plaisent au Jardin…

Le Domaine du Rayol compte environ 7 orchidées sauvages se cachant sur les différentes parcelles. On compte 4 espèces de sérapias, dont une protégée en France. On a pu observer sur la parcelle de Chine des Cephalantera longifolia. Et en automne, sur le grand escalier ainsi que dans la collection des cistes, on peut voir quelques Spiranthes spiralis, une plante protégée dans certaines régions de France.

Spiranthes spiralis

Serapias neglecta

Cephalantera longifolia

 

Les orchidées nous attirent du fait de leur rareté, leur aspect robuste et leurs fleurs aux formes et couleurs atypiques. Profitez-en en ce moment…

Noëmie Riou, volontaire en service civique au Domaine du Rayol