Exposition Le Grand Ecart, Voyages aux îles Chausey Evènements culturels

Le Domaine du Rayol expose du 26 mars au 28 mai 2017 trois séries de photographies noir et blanc et couleur de Michel Corbou, photographe des jardins du monde et de théâtre.

La différence bi-quotidienne de treize mètres entre la haute et la basse mer dans l’archipel des îles Chausey (Normandie), est l’une des quatre les plus importantes au monde. Ce marnage découvre un estran de plus de 2 000 ha, paysage d’algues et de granite à perte de vue. Une immensité en équilibre sur le globe, qui permet durant des heures d’aller marcher sous la mer à l’horizon du ciel et de la mer.

Le jardin sous la mer

« A une heure de mer au nord de St-Malo ou autant à l’ouest de Granville, l’archipel des Iles Chausey s’étend, s’étire, sentinelle granitique couchée au large du Mont St-Michel. Lorsqu’il arrive à haute mer, le voyageur découvre une petite cinquantaine d’îlots, dont le principal abrite un hameau posé sur l’eau, au ras de l’eau. A l’étale. Ici, tout est plat et dans l’étendue, sans verticales notoires auxquelles se raccrocher. Sensation d’un vertige sans fin…

Six heures plus tard, après avoir arpenté la quarantaine d’hectares de petits chemins sablonneux, de vasières, de plages et de prairies, c’est une vision en cinémascope que découvre le voyageur. A basse mer, dans les bruns, les oranges et les verts sombres, les gris et les noirs goémonneux, plusieurs milliers d’îlots, de rochers et de cailloux sont révélés grâce à la lune. Cassés, polis, retournés, recouverts peu ou prou des algues multicolores et protéiformes qui jouent la transparence pour façonner la trame de ce jardin sous la mer.

Le marnage (ou la différence de hauteur entre la haute et la basse mer) excède deux fois par jour et trois cent soixante cinq jours sur trois cent soixante cinq, treize mètres de hauteur. Deux mille hectares d’estran, deux fois par jour. Un terrain de vie hors norme pour tout un petit monde. Appelée par la Lune, la Manche s’est retirée au loin, très loin, glissant sur les fonds plats qui révèlent cette vie sous-marine que le Conservatoire du littoral couve d’un regard attentionné.

Les eaux de Chausey, dans leur retrait découvrent une mine. Ici, le granite est roi. Il a servi à construire l’Abbatiale du Mont St-Michel, les quais des ports de Dieppe et de Londres, à reconstruire St-Malo après la deuxième guerre mondiale, et même à paver des rues de Paris. Le granite est toujours là, les carriers sont partis, laissant la place au développement de la faune et de la flore abrités sous les danses du soleil et des nuages emportés par les vents dominants. Alors, à basse mer, on ira marcher sous la mer, s’enfoncer dans ce paysage grandiose, ses infinis en équilibres fragiles à la surface de l’improbable. Marcher des heures dans l’étendue minérale ou l’absence de balise visuelle et de sons parvenus du hameau nous ouvre à des sensations brutes. Marcher sur la ligne d’horizon, tel un équilibriste, sans nul besoin de balancier. Juste là !!! Ailleurs… »

C’est à l’occasion de plusieurs séjours de printemps ou d’été que Michel Corbou, photographe remarqué pour son travail sur les jardins du monde et sa collaboration au théâtre avec le metteur en scène Alain Françon, a réalisé ces séries d’images.

Les tirages ont été volontairement effectués en grand format pour rendre compte des échelles multiples des paysages traversés. Ils ont été réalisés sous le contrôle de l’auteur par impression à jet d’encre sur papier Hahnemuehle afin de restituer au mieux, cette impression de respiration et de porosité de la roche et du végétal ressentie lors de ces expéditions sous la mer.